

Il suffit d’un simple regard sur notre époque pour comprendre à quel point le monde s’accélère. Les technologies redessinent les contours du pouvoir, les sociétés réinventent leurs équilibres, et la planète, elle aussi, exige un nouveau pacte entre l’homme et la nature. Le droit, dans cette course effrénée, n’est plus seulement un cadre : il devient un observateur, un interprète — parfois un gardien de sens.
Ce dix-septième numéro de la Revue Droit & Société s’ouvre sur cette conviction: comprendre le monde d’aujourd’hui, c’est d’abord saisir les liens invisibles qui unissent le savoir, la justice et la transformation sociale.
L’Open Source Intelligence, analysée par H. Bennani et M. A. El Maysour, illustre cette tension entre la promesse de transparence et le risque d’intrusion — un miroir de notre ère numérique.
D’autres auteurs nous invitent à voyager dans le temps et dans l’espace : M. M. Mouhammad Anbdoul Anlym et A. Elasser rappellent comment, aux Comores, les sultans ont bâti des structures politiques aussi fragiles que fascinantes ; Mehdi Chadli et Lydie Eveline Ekambi Priso dévoilent, à travers la coopération Maroc–Cameroun, les dynamiques d’un avenir économique africain qui se construit à pas sûrs.
Au Maroc, Khalid Nya questionne la gouvernance sanitaire à l’heure du numérique, pendant que Hammadi Bounit, Ahmed Bounit et Michaal Taibi montrent comment l’économie verte devient un nouveau langage de communication entre développement et conscience écologique.
Et tandis que Jean-Verdy Eusebe nous met en garde contre les dérives de la justice algorithmique, Fatima-Ezzahra Bouachrine nous ramène au cœur du sacré avec les rituels des Gnawa, là où la transe et le sacrifice racontent d’autres formes de régénération du lien social.
Enfin, les articles en langue arabe viennent rappeler la force des réalités locales : Saadia El Bouazaoui interroge le rapport entre justice environnementale et changements climatiques, quand Youssef Mohcine éclaire les subtilités du droit fiscal marocain et ses mécanismes de notification.
Dans ce dialogue entre passé et futur, entre local et global, se dessine une certitude: le droit est vivant. Il ne se contente pas d’accompagner le changement — il le traduit, le questionne, parfois le défi.
Et c’est peut-être là, dans cet entre-deux, que réside la vraie mission de la recherche: faire entendre la voix des sociétés à travers celle du droit.



Comments are closed, but trackbacks and pingbacks are open.